Histoire résumée d’une revue catholique et bretonne pour le redressement spirituel, culturel, linguistique, social de la Bretagne
La presse catholique bretonne n’est pas foisonnante, et peu connaissent son histoire. Nous nous penchons aujourd’hui sur un périodique qui marqua son temps, le journal Feiz ha Breiz dont vous pouvez aujourd’hui retrouver toute la collection numérisée sur le site du Diocèse de Quimper et Léon (cliquez ici).
Dans la seconde moitié du 19e siècle, la presse bretonne, hormis quelques bulletins confidentiels de sociétés savantes, littéraires, expression d’une identité bretonne assumée, est quasiment inexistante. De plus, il n’y a pas cette inflation de titres que nous connaissons aujourd’hui, et si nous nous aventurons à des comparaisons techniques, cette presse peut paraître assez pauvre, mais non dénuée d’intérêt. Osons dire que l’intelligence de l’esprit, la profondeur des réflexions, des analyses, l’élégance du vocabulaire, la qualité des auteurs, dépassent de loin les handicaps techniques de l’époque. La presse dite de Paris tient la première place, concurrencée à la fin du siècle par l’Ouest-Eclair de l’abbé Trochu, le Courrier du Finistère, la Dépêche de Brest. Cette presse d’informations et d’opinions n’a rien de bretonne, et va avec une constance jamais démentie, travailler à la débretonnisation des Bretons, suppléant en cela le très efficace travail parallèle des «Hussards de la République» : la francisation. Quant à la presse pour la jeunesse, des titres essentiellement parisiens sont proposés (1) : Ces illustrés comme on les appelait à l’époque, sont principalement catholiques, et question foi, morale, instruction, jeux et autres domaines distractifs, ils sont irréprochables. Leur seul défaut : ils diffusent dans l’esprit de la jeunesse bretonne d’alors une vision totalement française de la Bretagne ; elle n’existe qu’en « option de province bien sage », et pour son folklore. Là encore, la République ne peut que se féliciter de ces alliés. La Bretagne est la province à la mode pour son exotisme très prisé des peintres et des photographes, ce qui d’ailleurs nous vaut toutefois de magnifiques tableaux, photos, témoignages pour la postérité, d’une Bretagne avec sa foi, ses traditions en sursis de disparaître.
En cette seconde moitié du 19e siècle, et surtout à partir des années 1870, sous la Troisième République naissante, celle-ci fidèle aux idéaux révolutionnaires encore fumants, va reprendre, au nom de la République et de la laïcité ses deux guerres obsessionnelles : la déchristianisation et la francisation de la Bretagne, et sa propagande médiatique comme nous disons aujourd’hui, sort les grands moyens de son temps.
Outre les sociétés savantes, comme l’Union Régionaliste de Bretagne, des mouvements littéraires, et le courant porteur d’un certain romantisme de ré-enracinement, l’Eglise est alors la seule institution qui défend ce qu’on appelle « l’identité bretonne », c’est-à-dire sa langue, sa culture, ses traditions. Très nombreux seront les prêtres qui vont s’atteler à ce devoir de transmission d’une culture qui se voit déjà en agonie. L’Eglise avec ses évêques, ses prêtres et même ses moines, et des Bretons conscients des enjeux culturels mais aussi de la foi -les deux étant liés – jugent qu’il y a urgence dans ces combats d’avoir une presse, du moins une revue, qui soit la voix des combats pour la foi, l’Eglise, et qui puisse avec crédibilité contrer les attaques verbales et écrites de tous ceux qui entendent faire table rase d’une Bretagne authentiquement catholique et bretonne.
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UNE REVUE INNOVANTE
1865. « L’arme » de combat, puisque combats il y a, va donc être une revue fondée par l’évêché de Quimper, ayant pour titre Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne), titre qui est un programme et une devise. Cette revue va s’attacher à défendre la foi, ce qui va de soi, mais aussi la langue, la culture, les traditions bretonnes, son patrimoine architectural, principalement religieux qui est, Révolution française oblige, en bien triste état ; et évidemment des incursions dans l’histoire de Bretagne, sa littérature, sa musique redécouverte notamment grâce à Brizeux, à La Villemarqué et son Barzaz-Breiz. Le fondateur de Feiz ha Breiz est Léopold de Léséleuc de Kerouara (1814-1873), futur évêque d’Autun, Chalon et Mâcon ; y collaboreront un nombre impressionnant de prêtres, tous des érudits de la langue et de la culture bretonne, dont il serait trop long de donner ici les noms. Si la revue est modeste dans sa présentation, elle est riche dans son contenu et la qualité de ses collaborateurs. Evidemment, dans une société, surtout dans le monde rural, encore très bretonnante, la revue va exclusivement utiliser le breton ; très rares seront donc les textes en français. Unique dans son créneau, mensuelle, son tirage sera de 1500 exemplaires, avec un lectorat surtout ecclésiastique, mais intéressant aussi le monde des érudits bretons. Feiz ha Breiz va paraître régulièrement jusqu’en 1884 et couvrir 550 numéros, se déployant surtout sur les départements bretonnants. L’arrêt de la revue, outre des difficultés financières, reste assez flou dans ses motivations, d’autant que son lectorat était estimé à au moins 10.000 personnes. Une absence de 16 années s’ouvre, un temps précieux perdu pour la foi et les causes bretonnes, d’autant plus que la Troisième République ne perd pas de temps dans sa volonté de combattre tout ce qui fait de l’homme breton un être différent du Français.
En 1900, l’évêché de Quimper, sous l’épiscopat de Monseigneur Virgile Dubillard, Feiz ha Breiz, avec l’aide de prêtres motivés est relancé. Des prêtres bretonnants et pétris de culture bretonne comme il y en tant à cette époque, réalisent l’urgence d’avoir à nouveau une revue « porte-voix » qui s’affiche, sans compromissions, catholique et bretonne. Pourquoi donc ne pas reprendre le titre de Feiz ha Breiz qui a fait ses preuves et qui affiche très clairement ses buts ?
En 1902, le jeune séminariste Jean-Marie Perrot (qui plus tard bretonnisera son prénom en Yann-Vari) entre à la rédaction. Ce jeune prêtre, ordonné en juillet 1903, qui déjà au petit séminaire de Pont-Croix et au grand séminaire de Quimper a été remarqué pour ses qualités de meneur d’hommes, d’organisateur, sa grande maîtrise de la langue bretonne et ses très sérieuses connaissances sur la littérature bretonne, les vies des saints bretons, la musique et sa passion pour le patrimoine breton et les traditions, ces références le désigne tout naturellement pour en 1911 en devenir le directeur. Dès lors, il va donner à la nouvelle mouture de Feiz ha Breiz toute la crédibilité qui ne cessera d’être la sienne jusqu’en décembre 1943. Elle cessera de paraître en février 1944, deux mois donc après la mort de l’abbé Perrot.
Evidemment, l’abbé Perrot va être efficacement aidé par des confrères et diverses personnalités bretonnes de toutes disciplines qui sont aussi des militants et savent parfaitement la puissance de combat qu’une revue, qu’un journal bien fait peut être ; les ennemis de l’Eglise, de la Bretagne le prouvent assez en infiltrant partout leur presse. Feiz ha Breiz devient un organe militant breton catholique, alors que l’évêché souhaite plutôt une revue catholique et bretonne, cette différence sera par la suite source de malentendus et de conflits. Comme son ancêtre, bien que la tentation soit grande, le terrain politique est évité. En principe, car ces années 1900, comme celles de la fin du siècle précédent, sont plus que jamais des années politiques. Tous les combats contre le catholicisme, l’Eglise, ses biens, ses œuvres, contre les prêtres et les Congrégations sont politiques, voire idéologiques, prenant leurs sources dans les idéaux de la Révolution française dont le souvenir est encore assez proche. La politique sera inévitable, car l’ennemi doit-être clairement désigné et combattu. Celui-ci a alors pour nom la République française, son laïcisme, ses idéologies destructrices et sa volonté de faire disparaître toutes singularités bretonnes qui ne soit pas en phase avec l’unité républicaine ultra jacobine.
En 1905, l’abbé Perrot fonde au château de Kerjean en Saint-Vougay (Finistère) le Bleun-Brug (Fête de la Bruyère) dont l’ambition affiché est de faire prendre conscience aux Bretons l’immense richesse de leur patrimoine linguistique, culturel, historique, les décomplexer par un relèvement moral, spirituel et culturel. Feiz ha Breiz devient alors l’organe militant du Bleun-Brug. En 1907, l’abbé Perrot, si besoin en était, annonce la couleur : « Va gouenn, va yez, va bro » (ma race, ma langue, mon pays). Précisons pour ceux que le mot race agace, que le terme race s’entend alors comme peuple, et à cette époque le terme n’avait aucune connotation idéologique racialiste. La revue affichait ainsi l’existence bien distincte d’un peuple breton au côté d’un peuple français. L’abbé Perrot, mais aussi la majorité de ses confrères, des Bretons militants sont convaincus que «la foi c’est l’âme d’un peuple, de la patrie bretonne. La foi c’est le sang qui coule dans ses veines et la fait vivre ; la Bretagne sans la foi ne sera plus la Bretagne, qu’un bout de terre sans intérêt à la pointe de l’Occident. Ce ne serait au plus qu’une province comme tant d’autres, livrée aux idéologies, à toutes les haines et les rancoeurs». L’abbé Perrot devient donc en 1911, comme nous l’avons dit, le directeur. Ce sera désormais sa revue, et il va s’entendre à la développer, mais il n’en a pas pour autant les mains libres, car Feiz ha Breiz est avant tout la revue de l’évêché, sa voix avant d’être celle du Bleun-Brug, d’où un censeur attaché à la revue … et des censures qui dans les années à venir seront distribuées plus aisément que des Indulgences. Une censure qui, grâce au tatillon vicaire général Pierre Joncour, et qui de surcroît voit des autonomistes partout, devient si pesante, qu’elle dissuade petit à petit les meilleures collaborations, surtout dans le clergé qui redoute les coups de crosses dont est trop souvent gratifié l’abbé Perrot. Agacé par cette censure permanente qui freine son action, l’audience même de la revue, l’abbé Perrot dénonce cette situation : « La pensée bretonne n’a plus d’organe catholique par où se manifester, hormis Feiz ha Breiz en permanence sur la sellette ».
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VINGT ANS PLUS TARD
Le 12 décembre 1923 (2), l’abbé Perrot excédé, suite à des remontrances concernant une série d’articles sur des solutions pour le relèvement de la Bretagne, intitulés « La question bretonne » de son collaborateur Yves Le Moal, il fait parvenir à Monseigneur Duparc un mémoire de 20 pages manuscrites sur la situation de la revue, de l’état de la langue bretonne, l’avancée de la francisation et une mise au point sur ses relations avec les autonomistes de Breiz Atao :
« Dans quinze jours, le Feiz ha Breiz entrera dans sa soixantième année, sur la brèche depuis vingt ans, ayant toujours foulé aux pieds mon intérêt personnel, n’ayant jamais eu en vue autre chose que la gloire de Dieu et le relèvement de notre infortunée patrie bretonne, dans le cadre, cela va sans dire, de l’Etat français, poursuivant dans ce sens la réalisation de nouveau projet, Votre Grandeur comprendra combien ma stupéfaction et ma douleur sont grandes quand j’ai vu arriver, coup sur coup, rédigées en termes sévères les lettres du vicaire général, Monsieur Cogneau (3) et la Vôtre, et qui dans la Semaine religieuse porte ma condamnation officielle et celle de mon meilleur collaborateur aux quatre coins du diocèse. La mesure que Votre Grandeur a cru devoir prendre et qui englobe nos œuvres et nos personnes dans une même réprobation réjouira sincèrement quelques-uns, mais elle navrera tous ceux qui essaient de préparer à la Bretagne des jours meilleurs que ceux qu’elle traverse depuis la Révolution et les politiques qui en sont sortie, détruisant en elles les saines énergies de la race (NDLR : comprendre peuple) de la langue ancestrale, les croyances religieuses et les traditions. Aussi, Votre Grandeur me permettra-t-elle avec son ordinaire grande bonté de m’adresser directement à elle pour essayer de me disculper et de mettre les choses au point ».
S’ensuit une très longue et ferme mise au point qui présente cet état des lieux. Immédiatement, Monseigneur Duparc répond : « Un prêtre a le devoir d’observer en tout la mesure. Vous connaissez déjà toute ma pensée sur la « Question bretonne » qui nous occupe. Je n’ai rien à redire contre la devise de votre collaborateur « Pour la France par la Bretagne », mais je crains que sa manière de l’appliquer n’aboutisse au rebours de ses espérances. On doit, de tout son cœur, aimer la Bretagne, revendiquer ses droits, défendre sa religion, étudier et parler sa langue, se dévouer à ses intérêts économiques, et si possible obtenir qu’elle devienne plus libre dans sa vie provinciale par une sage autonomie. La France a besoin d’être aimée et défendue par tous ses enfants. Sans le vouloir, des articles comme celui que je regrette sur la Question bretonne, favorisent les tendances séparatistes qui mèneraient la Bretagne à sa perte. En outre, vous invoquez le patronage de Monsieur de Mun, or vous savez bien ce qu’il aurait pensé de cette manière de servir la cause bretonne ».
Cet extrait de la lettre de Monseigneur Duparc, comme toutes celles qui suivront donne une idée des difficultés permanentes que rencontrerons les rédacteurs de Feiz ha Breiz, d’où des découragements à poursuivre une collaboration sans cesse critiquée. On remarquera aussi que Monseigneur Duparc est très ouvert sur les droits historiques des Bretons, mais dans le cadre non négociable d’une France «Une et indivisible», statut que personne au sein de Feiz ha Breiz et du Bleun-Brug ne songeait à remettre en question, exception faite des éléments durs du parti autonomiste Breiz Atao qui, si pour certains étaient sympathisants, ne collaboraient ni à Feiz ha Breiz ni au Bleun-Brug. De plus, l’évêché, sachant l’Eglise toujours sur la brèche avec des gouvernements anticatholiques, ne tient nullement à se créer des problèmes avec l’Etat.
Feiz ha Breiz, qui, rappelons-le, est entièrement rédigé en breton, s’adresse donc à la Bretagne bretonnante. Cependant, sous l’impulsion de l’abbé Henri Poisson, il y aura, à partir de 1926, une édition en français pour la Haute-Bretagne. La revue se placera comme « Organe du Comité du Bleun-Brug de Haute-Bretagne ». Dès son premier numéro, l’abbé Poisson annonce lui aussi la couleur : « Ce que nous sommes : Catholiques – Ce que nous voulons : Être Breton ». Malheureusement, Foi et Bretagne n’aura pas l’audience du Feiz ha Breiz en langue bretonne (4). L’histoire de Foi et Bretagne sera, dans sa courte existence, assez mouvementée, et deviendra «Revue du Nationalisme breton catholique», puis «Revue mensuelle catholique du Nationalisme breton», puis fusionnera avec le journal de l’abbé Madec «La Patrie Bretonne». Sous ses trois versions, la revue n’aura qu’une audience limitée.
De janvier 1900 à août 1914, Feiz ha Breiz paraît régulièrement, et a le privilège précieux d’être comme le Bleun-Brug, soutenu par le Comte Albert de Mun. Mais la guerre est déclarée, Albert de Mun décède en juillet 1914. C’est la mobilisation générale et l’abbé Perrot est mobilisé et versé dans les services de la Croix-Rouge en tant qu’infirmier-brancardier et secrétaire de l’éminent neurologue, le docteur Logre. L’évêché n’a pas jugé utile de remplacer l’abbé Perrot, Feiz ha Breiz est donc suspendu de parution, de même toutes les activités du Bleun-Brug. L’abbé Perrot a conscience que ces interruptions commandées par les évènements risquent de porter un coup fatal à l’œuvre de redressement breton entreprit depuis 14 ans, les années d’après-guerre confirmeront très largement ce qu’il craignait. En 1915, son ami et plus fidèle collaborateur à Feiz ha Breiz, Dirlemm ar Braz est tué, puis en 1917, le poète Jean-Pierre Calloc’h tombe à son tour, il en vient à réfléchir, lui qui a été jusqu’ici épargné par l’Ankou, s’il ne sera pas dans la prochaine fournée de la sinistre charrette, d’où son célèbre testament « Va Gourc’hemennou Diweza », écrit au crayon sur deux bouts de carton dans les tranchées, en août 1918 (5).
Homme à ne pas perdre de temps, dès sa démobilisation en 1919, l’abbé Perrot entreprend de relancer Feiz ha Breiz et son Bleun-Brug, et ce dans une société totalement bouleversée, faite désormais de veuves, d’orphelins, de mutilés, dont les préoccupations sont naturellement ailleurs. De plus, les quatre années de guerre ont plus fait que quatre siècles pour franciser les Bretons. C’est là une des grandes victoires de la République jacobine d’avoir fait en sorte que, par patriotisme et statut de héros du front, les Bretons se sentent désormais plus Français que Bretons, et surtout rien que Français dans une société qui rejette désormais le « monde d’avant », c’est à dire sa langue, ses traditions, ses costumes. Mais par l’action des partis, des syndicats, des mouvements progressistes, ont considérablement changés les mentalités, sérieusement entamés l’autorité de l’Eglise.
Juillet 1919, sort donc le premier numéro de la reprise de Feiz ha Breiz. Bien évidemment, il est consacré, comme le seront les suivants, aux conséquences de la guerre sur les Bretons qui ont payés un très lourd impôt du sang, à savoir 240 000 morts. (6). Ce premier numéro, passant outre au tout en breton, publie deux articles en français : « Aux Bretons », de P. Fagès. O.P et de Monseigneur Freppel qui semble être écrit pour notre temps :
« Puissent mes chers Bretons rester dignes de leurs ancêtres. Ils n’ignorent point qu’une persécution savante et raffinée les enveloppent de toutes parts. Qu’ils soutiennent la lutte jusqu’à des jours meilleurs qui ne peuvent tarder à venir, si du moins il doit y avoir une France encore. Qu’ils soient impitoyables aux renégats de tout acabit, de toute nuance. Qu’ils sachent bien que, cessant d’être le premier peuple du monde, ils seront le dernier, que ne donnant plus de leçons d’honneur et de loyauté, ils descendront au dernier degré du mépris ».
Ainsi, le ton est donné. Rien de surprenant : ingrate, la France ne fait aucun cas du sacrifice des Bretons, et reprend avec plus de zèle encore son travail de débretonnisation massive. Assurément, Feiz ha Breiz ne peut qu’être une revue de combat. Elle ne peut se satisfaire que du culturel, que de la linguistique bretonne, si important que cela soit, ce serait pour l’abbé Perrot travailler en aveugle, puisque tout se place désormais sur le plan politique. Cela, l’évêché persiste à ne pas le voir, alors que les forces adverses ont très bien compris que Feiz ha Breiz ne devait pas être sous-estimé, et surtout pas son directeur.
Puis, ce sont les années 1920-1930. Feiz ha Breiz va retrouver sa parution régulière, son lectorat, mais avec une érosion qui se devine, du moins chez les laïques, car le clergé alors très nombreux a obligation d’y être abonné. En effet, si elle est la revue du confrère Perrot, elle est aussi celle de l’évêché. En ces années, la censure épiscopale s’invitera à tous les numéros, veillant à ce qu’elle reste en dehors de toute politique, surtout si celle-ci avait des relents d’autonomisme du fait de l’amitié que porte l’abbé Perrot à maints nationalistes, et qui sont de son entourage. Cette interdiction va considérablement entraver l’action de l’abbé Perrot au sein du Bleun-Brug, mais aussi contribuer à ne plus faire de Feiz ha Breiz qu’une revue culturelle très éloignée de son but premier. Autre souci de l’évêché, que la présentation de l’Histoire de Bretagne, de la culture et des traditions bretonnes ne soit pas en contradiction avec l’Histoire de la France, ce qui pourrait « mener à un autonomisme inavoué ». La censure sera parfois telle, qu’elle touchera jusqu’aux illustrations, aux couvertures comme pour le numéro « Hors série » annonçant les fêtes du Bleun-Brug de 1937. Cette couverture est un dessin de Xavier de Langlais montrant côte à côte, le moine Yann Landévénnec « armé » de la croix et un guerrier breton prêt à tirer avec son arc, allusion évidente à la lutte contre l’invasion Viking. Le vicaire général Joncour y verra une concordance avec l’injonction mahométane « Crois ou meurt », d’où une savoureuse lettre à l’abbé Perrot de réprimande pour cette « maladresse guerrière », qui pour le vicaire général cachait en réalité une pensée autonomiste. Cette obsession épiscopale, va être une des grandes croix de l’abbé Perrot, d’autant plus qu’une presse nationaliste bretonne affiche un néo-paganisme mâtinée de druidisme, et qui ne cache pas son hostilité à l’Eglise catholique. Le climat entre l’évêché et le recteur de Scrignac est, grâce aux coups tordus du vicaire général Joncour, de plus en plus conflictuelle. La santé morale de l’abbé Perrot va s’en ressentir, et il confiera souvent à son imprimeur, qui est aussi son secrétaire, Herry Caouissin, que publier une revue dans de telles conditions, n’est plus tenable. Evidemment, l’abbé Perrot usera de plusieurs pseudonymes : Minor Kerbriek, Keryan, Mab Sant Erwan, G.P (pour Guennec et Perrot, certains articles concernant le patrimoine architectural breton étaient écrits en collaboration avec l’éminent historien-archéologue et fin dessinateur des monuments, Louis Le Guennec).
LES CINQ DERNIERES ANNEES DE FEIZ HA BREIZ : UN LONG CALVAIRE …
Septembre 1939, c’est de nouveau la guerre, le Bleun-Brug de cette année-là est donc supprimé comme pour la Grande Guerre. Il est à craindre que Feiz ha Breiz soit à nouveau suspendu pour toute la durée du conflit, assurant ainsi sa mort définitive, et de cela, l’abbé Perrot, malgré les soucis que lui donne la revue, n’en veut pas. Feiz ha Breiz doit continuer à paraître pour maintenir le flambeau. Heureusement, Monseigneur Duparc entend aussi maintenir la revue. Conforté par le soutien de son évêque, l’abbé Perrot se presse de faire la demande de parution auprès du nouveau gouvernement issu de l’armistice et des autorités d’occupation. Il redoutait un refus, mais à sa grande surprise l’autorisation de paraître est accordée, avec trois conditions cependant : que Feiz ha Breiz se tienne en dehors de toute politique, d’articles désobligeants envers le gouvernement de Vichy, de l’Allemagne et ses forces d’occupation. Cette autorisation de paraître sera très vivement critiquée par la résistance, surtout communiste, et plus tard par les historiens, voulant y voir une compromission avec le régime Pétain et l’occupant. C’est tout simplement malhonnête, car l’Ouest-Eclair, la Dépêche de Brest recevaient la même autorisation, tout comme le journal communiste l’Humanité (car en ce début de guerre et jusqu’à la déclaration de guerre à l’Union Soviétique en juin 1942, les communistes étaient alors alliés de l’Allemagne). Une autorisation qu’obtiendra également sans difficulté l’illustré Ololê pour la jeunesse, fondé par Herry Caouissin, à qui d’ailleurs sera fait le même reproche. Feiz ha Breiz va donc s’en tenir à cette ligne de conduite, et il lui sera reproché de ne pas se faire, même de manière habilement déguisée, la voix de la résistance, de Londres. C’eût été stupide, car c’était courir à l’interdiction, avec de sérieux ennuis pour son directeur, et de toute façon, ces terrains-là n’étaient les siens.
Entre fin 1939 et 1942, Monseigneur Duparc, toujours influencé par son vicaire général, plus obsédé que jamais par les Breiz Atao, va tenter de retirer à l’abbé Perrot la direction de Feiz ha Breiz, et de le sommer de changer d’imprimeur (l’Imprimerie du Léon de Landerneau), au motif qu’ils sont « trop proches de certains autonomistes ». Si donc l’abbé Perrot sera suspendu de sa qualité de directeur de Feiz ha Breiz, la suspension ne durera guère plus de trois mois, faute de trouver un successeur compétent et assez téméraire pour se coltiner les relations tendues avec l’évêché. Quant à la question de l’imprimeur, elle sera, par une lettre respectueuse et bien tournée à Monseigneur Duparc et son vicaire général, vite résolue, en rappelant tout ce que le diocèse de Quimper et Léon, et au-delà, doit à l’œuvre de l’abbé Perrot et à son secrétaire (lettre du 8 février 1940).
Politique ou pas, l’abbé Perrot estime désormais, face aux évènements de la guerre, qu’il est de son devoir de dénoncer les bombardements des villes bretonnes par les aviations Alliés, ainsi que le danger de la prise de pouvoir en France par le communisme. Le 29 janvier 1943, le bombardement de Morlaix par la RAF, en plein après-midi, touche une école et sa cour de récréation où jouent une cinquantaine d’enfants sous la surveillance d’une religieuse, Mère Marie de Saint-Cyr, tous les enfants et la religieuse sont tués. L’abbé Perrot qui connait toutes les familles ne peut rester insensible, silencieux devant ce qui est un crime de guerre. Il sort donc de sa réserve jusque-là contenue. C’est ainsi qu’à la suite de la virulente homélie de Monseigneur Duparc, et reprenant certains passages, il dénonce dans le Feiz ha Breiz de mars-avril, sous le titre « Lazadeg an Innosanted », ce nouveau crime des Saints Innocents qui à quelques jours près sur le calendrier liturgique coïncidait avec le crime d’Hérode.
Dans le même numéro, Herry Caouissin signe un virulent article contre les atrocités des bolcheviques en Ukraine et dans les pays conquis par ses armées, « Dorn Mosko » (la main de Moscou). Dans le numéro de juin, l’abbé dénonce les mêmes atrocités commises en Hongrie, Slovaquie, et le massacre des officiers Polonais à Katyn «Karnel Katyn» : craignant la prise de pouvoir par les communistes, il n’entend pas voir les forêts bretonnes devenir des Katyn bretons. Ces articles n’échappent pas à la Résistance qui y voit une preuve supplémentaire que le recteur de Scrignac est un collaborateur, et sa revue au service de l’occupant, puisqu’il attaque les glorieux soldats de l’Armée Rouge et le camarade Staline. Ces articles vont servir à charge contre lui. Pourtant, ses supérieurs, pour une fois, ne le désavouerons pas, eux qui lui reprochait des articles politiques qui n’en étaient pas vraiment, et qui auraient souhaités que Feiz ha Breiz se fasse le laudateur du Maréchal Pétain, ce que refusera toujours l’abbé Perrot.
Des proches, tout en comprenant ses indignations qu’ils partageaient, regretterons la publication de ces articles imprudents qui vont lui causer un grand tort et vont signer son arrêt de mort. Les historiens, dont l’impartialité n’est pas la vertu première, imputeront à cette série d’articles la seule responsabilité de la fin tragique du recteur de Scrignac, dédouanant ainsi les communistes de toutes les calomnies, les faux-procès intentés à l‘abbé Perrot depuis des décennies en raison de ses engagements bretons et chrétiens.
Nous sommes en 1943, Feiz ha Breiz n’est plus qu’une revue bien mince, dont le rédacteur n’est plus que l’abbé Perrot et deux ou trois amis. En outre les continuelles pénuries de papier, les rationnements d’électricité n’arrangent rien, les abonnements ne suivent plus, les lecteurs se font rares. L’abbé Perrot est désormais las, fatigué, sans illusions sur le devenir de son œuvre, du relèvement de la Bretagne, alors qu’un an plus tôt, au Bleun-Brug de Tréguier, il était encore plein d’espoirs. Il estime que son pèlerinage sur terre touche à sa fin ; il n’a que 66 ans, et il a bien des raisons de le penser, car il se sait menacé de mort par les maquis communistes. Néanmoins, il s’accroche à son Feiz ha Breiz, et le numéro de novembre-décembre est consacré aux défunts, avec le poème de Jean-Pierre Calloc’h « Mouez hor re varo » (La voix des morts), comptant de nombreux extraits d’auteurs bretons sur nos fins dernières.
12 décembre 1943, l’abbé Perrot est assassiné, son pèlerinage sur la terre bretonne qu’il a tant aimé vient de s’achever dans ce que beaucoup verront comme la mort glorieuse d’un martyr pour Dieu et la Bretagne, justifiant ainsi dans le sang versé sa devise, le titre de sa revue Feiz ha Breiz. Le numéro de janvier-février 1944 lui sera donc entièrement dédié « En envor da Yann-Vari Perrot hor mestr », retraçant sa vie et son œuvre. Il y aura encore deux numéros, ceux de mars et avril, dans lesquels seront lancées les souscriptions pour un gisant et une croix celtique sur sa tombe et une croix celtique sur l’emplacement où il a été assassiné (7). L’aventure de la revue Feiz ha Breiz commencée 80 ans plus tôt s’achève avec celui qui en fût l’âme, celui qui voulut, malgré tous les obstacles en faire une arme de combat pour la défense de la Bretagne chrétienne et bretonne.
L’évêché va donc abandonner la revue Feiz ha Breiz au moment même où va s’opérer le « grand tournant des années 1945- 1955, c’est-à-dire aux moments des grandes mutations économiques, agricoles, culturelles, politiques d’après-guerre. L’Eglise en Bretagne va doucement tourner le dos à tout ce qu’elle avait jusque-là défendu avec zèle : la langue, la culture, les traditions bretonnes, et jusqu’aux droits historiques de la Bretagne. L’Eglise en Bretagne n’a plus désormais le souci d’une presse authentiquement bretonne et va laisser ce créneau à des initiatives privées sans moyens, sans soutien. Elle laissera le terrain de la presse à des revues anti-bretonnes, antichrétiennes, ou affichant un christianisme tellement progressiste qu’il sera aussi destructeur que les lois françaises contre la Bretagne, laissant la place à toutes les mouvances dites progressistes, amenées à confisquer toute la culture bretonne, profane comme religieuse, au profit d’idéologies mortifères.
Pour la jeunesse
Evoquons brièvement que Feiz ha Breiz aura également quelques pages destinées à la jeunesse, puis lancera une petite revue « Arvorig », qui sera toutefois éphémère. Or, l’abbé Perrot rêve depuis longtemps d’une revue bretonne qui soit celle de la jeunesse bretonne, sur le modèle des revues galloises pour la jeunesse. Il ne cache pas son exaspération devant la presse parisienne destinée à la jeunesse, et qui séduit de plus en plus certaines écoles catholiques, les patronages, les associations de scouts et guides, participant à la francisation des esprits, à diffuser une culture française au détriment de toute culture bretonne.
En 1933, lui arrive un jeune homme, Herry Caouissin, qui le conjure de le prendre à son service, et de travailler avec lui aux causes bretonnes. Cela tombe bien, il recherche justement un secrétaire. Ce choix, au cours des années qui vont suivre, va s’avérer être un très bon choix, tant le dynamisme du jeune homme l’impressionne. Ayant déjà, par son passage au journal Cœurs-Vaillants, une expérience de la presse pour la jeunesse, l’abbé Perrot lui confie la mission de créer enfin un petit journal pour la jeunesse ; aussitôt dit, aussitôt mis en chantier, ce sera Feiz ha Breiz ar Vugale, bien sûr tout en breton, qui paraîtra jusqu’à 1939, et cédera la place au célèbre Ololê, une autre … aventure.
DE FEIZ HA BREIZ A KROAZ AR VRETONED
Feiz ha Breiz ayant disparu, en 1946, une nouvelle et modeste revue Kroaz Vreiz, dont le directeur est l’abbé Bleuven, entend reprendre l’esprit Feiz ha Breiz, elle sortira 33 numéros mensuels, puis changera de titre pour devenir la revue Bleun-Brug, dont le directeur sera durant plus de 20 ans le chanoine Mévéllec (282 numéros). Cette revue, toujours dans l’esprit de Feiz ha Breiz sera entièrement en breton, avec parfois des textes en français, pour dans ses dernières années de parution devenir bilingue. A noter aussi l’excellente revue animée par l’abbé Le Floc’h (Maodez Glandour) Studi hag Ober, toute en breton. Egalement, la revue de l’abbé Le Clerc Barr Heol war Feiz ha Breiz (toute en breton).
Dans la lignée des revues chrétiennes qui sont dans l’esprit du Feiz ha Breiz de l’abbé Perrot, nous pouvons y inclure la revue Sked des Scouts et Guides Bleimor fondée par Perrig et Lizig Géraud-Kéraod. Cette revue, initialement la revue des Bleimor est sous-titré « Sevel Keltia Evit Doue » (construire la Celtie avec Dieu), (son acronyme sera le titre SKED », va vite dépasser le seul cadre de la jeunesse pour intéresser un lectorat de diverses générations. Ce succès sera dû à la haute qualité intellectuelle, culturelle, religieuse de son contenu. Malheureusement, faute de moyens, elle ne sortira que 10 numéros sur quatre ans (années 1950-1954). Toutes ces revues, faute peut-être d’une relève préparée, disparaîtront avec leurs créateurs. Elles ont eu toutes pour souci de préserver, sauver, promouvoir toute la richesse du patrimoine liturgique breton et la langue bretonne à l’église, avec aussi une fidélité aux traditions bretonnes, et une affirmation catholique sans compromissions avec les sirènes idéologiques qui déjà, y compris dans l’Eglise, commençaient (ou achevaient) un gigantesque travail de destruction de l’Europe chrétienne ; aujourd’hui nous pouvons en voir les résultats, et réfléchir aux prémonitions de tous ces Bretons lucides qui se battirent pour que la Bretagne reste chrétienne, catholique et authentiquement bretonne.
Beaucoup de ces articles n’ont pas pris une ride, tant leurs auteurs faisaient preuve d’une lucidité prémonitoire sur les questions bretonnes et de foi, sans oublier le côté social, ils étaient des « lanceurs d’alertes » de leur temps…pour notre temps. Hélas ! Dans le contexte d’un « Mouvement breton » qui s’affranchissait de toutes références religieuses pour mieux se laïciser, d’une Eglise qui désormais tournait le dos à toute culture bretonne, et entendait se franciser, se situer en-dehors de l’homme breton, leurs combats ne feront que retarder l’échéance fatale, la disparition d’une Eglise et d’un clergé authentiquement breton, l’effacement d’un mouvement breton chrétien, désormais enclin à épouser toutes les dérives sociétales. Il est très important de noter, que pour chacune de ces publications, la foi (Feiz) en sera la ligne éditoriale, la colonne vertébrale, et que jusqu’à leur dernier numéro, elles y seront fidèles, car la Bretagne ne pouvait être que par cette fidélité à une foi sans compromission.
Aujourd’hui, il n’y a plus aucune revue chrétienne bretonne, car nous ne pouvons considérer la multitude de revues, de bulletins diocésains et paroissiaux comme étant une presse bretonne. Les explications sont connues, c’est la faute au tout-internet, le tout-numérique, le désir de textes brefs, l’absence de « bonnes plumes », une paresse intellectuelle poussant à utiliser des « prêts à penser » modulables. Les coûts financiers dissuadent d’assurer une presse écrite, et la difficile diffusion d’une presse authentiquement chrétienne et bretonne dans un milieu culturel, médiatique breton indifférent, voire hostile à la dimension chrétienne de la culture, profane ou religieuse, bretonne, dès lors où elle s’affirme confessionnelle. Pourtant, le défi sera relevé en 2020 par la parution de l’excellente revue mensuelle Kroaz ar Vretoned. Malheureusement, faute de moyens, de lecteurs et de soutiens, elle envisage de cesser sa parution en juin prochain, et c’est regrettable (8). Tous les Bretons intéressés, voire inquiets sur le devenir du patrimoine religieux breton auraient dû avoir à cœur de s’abonner à cette très belle revue. Le clergé, aurait dû se faire un devoir de la soutenir en s’y abonnant, de la promouvoir comme un formidable outil d’évangélisation, mais ce ne fût pas le cas.
Les papes, les évêques demandent aux catholiques de s’investir dans une nouvelle évangélisation, d’être des acteurs et non des spectateurs. Mais lorsqu’il y a quelques audacieux qui les prennent au mot et risquent l’aventure, ils ne rencontrent qu’indifférence et hostilité.
Où sont les catholiques bretons ?
La presse catholique bretonne a donc, faute de susciter de l’intérêt, cessé d’exister, et n’existe plus dans le paysage médiatique que le média pure-player (c’est-à-dire ne publiant que sur le net) Ar Gedour. Pourtant, si l’on considère tous ceux qui sont attachés à un retour à un enracinement chrétien-breton dans l’Eglise en Bretagne, par les Pardons, les cantiques, certaines traditions, à un retour du beau et du sacré, une revue chrétienne bretonne aurait dû trouver largement son lectorat, être une sorte de «Famille chrétienne» bretonne.
Alors pourquoi cette carence ?
Soyons clair : outre l’indifférence, la passivité, une petite spiritualité guimauve, sans histoires , très conformiste et non-militante en sont les causes, car le tout-numérique ne justifie pas tout. Nous pourrions ajouter une autre cause, qui est une maladie bien bretonne, celle des égos de certains bretons « militants cathos », ou du moins s’affichant comme tels, ne pouvant souffrir que d’autres, plus dynamiques, plus lucides réalisent ce qu’ils ne sont capables de faire qu’avec des vœux, ne débouchant jamais sur des réalisations, autre que de larmoyer sur cette pauvre Bretagne jadis si chrétienne, si catholique, si bretonne.
Le directeur de Kroaz ar Vretoned a raison d’écrire dans son remarquable éditorial du numéro de janvier : « Combien de Bretons souhaitent réellement soutenir la langue bretonne, soutenir les initiatives bretonnes, connaissent même l’histoire de leur pays breton ? Combien de ces bretons participent réellement à la sauvegarde du patrimoine breton, à la préservation de l’identité culturelle, historique et social de la Bretagne ? ». L’état actuel de la langue, de la culture, de la foi, et même de la situation économique et sociale en Bretagne donne à cette interrogation la réponse, mais nos prédécesseurs dans une presse vraiment catholique et bretonne (Feiz ha Breiz) l’avait déjà eu en leur temps : elle était celle que pose aujourd’hui Kroaz ar Vretoned …
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NOTES :
1)Les illustrés, comme on disait jadis, : Lisette, La Semaine de Suzette, Cœurs-Vaillants, Pierrot, Le Noël, et bien d’autres.
2)Mémoire de 20 pages adressé à Monseigneur Duparc le 12 décembre 1923.
3) Le vicaire général Cogneau était le prédécesseur de Pierre Joncour qui lui succéda en 1925.
4)Abbé Henri Poisson (1898-1977), historien, auteur d’une Histoire de Bretagne, d’une vie de l’abbé Perrot et de l’abbé Lec’hvien.
5)Le Testament de l’abbé Perrot est conservé par la famille Caouissin (archives H.C).
6)250.000 morts bretons est le chiffre historique inscrit au Mémorial de Sainte Anne d’Auray, cependant, aujourd’hui des historiens remettent en cause ce chiffre pour le ramener à 130.000 morts, également revu à la baisse par d’autres historiens, ce qui interroge sur le sérieux de leurs sources au vu des impressionnantes listes des morts inscrites sur les monuments du même nom.
7)L’argent des dons, soit environ 25.000 francs de 1944 fut volé lors du pillage des bureaux de l’Imprimerie du Léon et d’Ololê, ainsi que le domicile de l’architecte James Bouillé par la résistance communiste, en conséquence les deux monuments ne seront jamais édifiés.
8)Kroaz ar Vretoned, 25 rue de Talin.56300. Pontivy.
Cet article est extrait du site Ar Gedour, les actualités spirituelles et culturelles bretonnes.
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