Ainsi en ont décidé les Autorités Parisiennes en ce mémorable 18 janvier de la nouvelle année 2018. Cet épilogue d’un important projet aéroportuaire, dont l’origine, l’avant-projet, remonte à plus d’un demi-siècle, et envisagé à proximité du village de Notre-Dame des Landes en Loire-Atlantique (d’où son actuel vrai nom et non celui de “Grand Ouest” colporté par des esprits maladifs), a retardé quelque peu la publication de ce N°121 de Dihunomp et nous prions nos lecteurs de bien vouloir excuser ce retard.
Chacun pouvait sentir que cette conclusion, déplorable par ailleurs, devenait de plus en plus imminente. Après
d’innombrables oppositions et tergiversations venant de toutes parts, y compris de Bretons eux-mêmes et de
certains de leurs mouvements et associations divers, on pouvait raisonnablement penser en effet que le projet
entrait dans sa phase définitive.
Une “médiation” composée de trois membres, savamment sélectionnés, allait mettre fin à tout cet imbroglio
d’avis discordants. La composaient, Gérard Feldzer, un ancien pilote de ligne proche de Nicolas Hulot,
Michel Badré, un ingénieur membre du CESE (Conseil économique, social et environnemental) et Anne
Boquet, une préfète (de “région”). Lors de la remise de ce rapport, la presse (la grande presse, comme on dit)
s’était empressée de titrer que, selon ces ”médiateurs”, le projet ne serait pas, du fait de son ancienneté, «celui
d’un aéroport du 21ème siècle». Ce que les médiateurs avaient dû corriger quelques jours après dans “un
communiqué à la presse” pour signaler que leurs observations ne détectaient que des défauts très mineurs dus
uniquement à l’ancienneté de sa conception, notamment au plan des énergies renouvelables : par exemple, « le
système d’approvisionnement électrique du projet (essentiellement l’absence de panneaux photovoltaïques)».
Ça ne s’invente pas !
Une page tournée, le “Économie matin” en date du 18 janvier écrivait : « Le premier ministre déclarait que « la
discussion avait progressé, puisque nous serions passés d’un choix entre ‘Notre Dame des Landes ou rien’, à
un choix entre ‘Notre Dame des Landes, la modernisation de l’aéroport Nantes-Atlantique ou rien’. »
Nous avons eu là cependant un superbe exemple d’une France dont les gouvernants sont incapables de justifier
et défendre les décisions qu’ils prennent, ou envisagent de prendre, en face de populations dont la
préoccupation principale semble être d’un avis contraire au moyen de manifestations et empêchements de tous
ordres. Ce projet dit de “Notre-Dame des Landes” va donc rejoindre les oubliettes pour y trouver entre
autres, un barrage Sirens, une écotaxe routière… et bientôt, probablement, un canal Seine-Nord.
Ce qui est plus grave toutefois, dans le cas présent, c’est que la Bretagne se trouve ainsi privée, et à son corps
défendant, d’un outil moderne qui aurait pu enfin la sortir de son sous-développement chronique dans lequel
la France l’a confinée depuis des siècles. Que cet aéroport – et le projet qui en définissait les premiers contours
– soient entachés d’erreurs ou de manques d’ambition, voire de défauts dus à l’ancienneté même du projet,
devient tout-à fait secondaire devant le néant qui va succéder à la décision prise.
Le vrai problème actuellement pour la France est de résoudre la question de la complète libéralisation du
terrain réservé au projet, occupé actuellement par des individus et familles sous le nom de “zadistes”, afin de
les restituer à leurs ex-propriétaires qui arriveraient peut-être à leur redonner leur vocation première de terrains
agricoles.
Quant à la Bretagne, il lui restera de se contenter de la multitude de petits aéroports “de province” qui
pullulent un peu partout dans ses cinq départements, avec la seule ambition (et liberté d’activité aéronautique)
de servir de lien (ou d’exutoire) aux GRANDS aéroports Parisiens pour des destinations lointaines
internationales et intercontinentales.
Car, qu’on l’admette ou non, un grand aéroport dans la péninsule bretonne, ferait énormément d’ombre à
Roissy et Orly, ces deux aéroports parisiens qui font la gloire et la renommée mondiale de la France (c’est du
moins ce que l’on serine sans cesse aux Français) malgré une desserte déplorable par les transports parisiens,
tant routiers que métropolitains, et une interconnexion quasi-inexistante pour faciliter entre eux des
changements de destinations aériennes selon spécificités particulières à chacun de ces deux aéroports.
« Là est la vraie question » comme aurait dit le brave Hamlet de Shakespeare ! »
Paul Chérel