Tous les Français le savent : le dimanche 10 avril 2022 pour le premier tour et le dimanche 24 avril 2022 pour le second tour, ils seront appelés à voter. Il n’est pas inutile de rappeler pourquoi : pour élire le président de la république française.
Le débat politique actuel qui entoure cette élection pourrait laisser penser qu’il s’agira d’autre chose : de voir si la majorité est encore majoritaire, si la politique économique et sociale du gouvernement est condamnée par l’opinion publique ou encore si la situation géopolitique mondiale se présentent bien pour tel candidat présumé…Deux discours sont, à cet égard, répétés avec insistance. Le premier laisse croire que la vraie finalité du débat que nous allons suivre se trouve de ce que l’on appelle » la politique intérieure « . Certains soutiennent cette thèse en brandissant sans trop de prudence un sondage qui montre que les Français tiendront plus compte dans leur vote des problèmes qui se posent en France que des problèmes de l’Europe.
Remettons les choses au point : à travers l’élection d’un homme ou d’une femme, les électeurs vont également pouvoir s’exprimer sur l’avenir et la conception de l’organisation européenne. Il est naturel que les agriculteurs, les salariés d’usine les chefs d’entreprise jugent cette lointaine Europe à travers les expériences qu’ils peuvent en faire dans leur vie de tous les jours. Comme ils le font pour tout autre enjeu électoral. Il est naturel qu’ils tentent d’établir une relation, par exemple, entre l’Europe et l’emploi, entre l’Europe et leur revenu. Mais de là à proclamer que les Français sanctionneront l’ensemble de la politique de l’emploi ou des revenus, c’est franchir trop d’étapes à la fois. C’est pervertir la signification du vote.
Le second discours voudrait donner une chance aux différents peuples de l’Europe de marquer leur attachement à l’identité européenne. Bien sûr il s’agit d’attachements différents. L’intégration de Europe de l’Est qui a été très rapide, a fait venir dans l’Union des sociétés, des cultures, des nations qui n’étaient peut-être pas suffisamment préparées. est désormais exercée en commun. Et cette intégration n’est pas terminée.
En réalité, et c’est là où se jouera notre avenir, nous voulons rappeler à l’Europe la nécessité pour elle de se constituer en identité forte, plus attractive que les États nationaux. Et l’Europe, pour nous, va de l’Atlantique à l’Oural. Pourquoi donc douter de la possibilité d’un sentiment européen selon la dynamique de tous les peuples européens? Vouloir détruire ou rejeter une seule nation, c’est détruire un patrimoine européen, c’est accepter d’uniformiser l’Europe en un vaste centre commercial ou de subir un État totalitaire.
Faire vivre les nations, c’est les amener lentement à renoncer aux États nationaux totalitaires au profit d’une structure supranationale souple et accueillante.